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Ashtanga Yoga News Letter 3 : Mars 2019

Le Yoga «chemin vers la plénitude»…

Hindu Trinity

La «Trinité hindouiste», Brahma, Vishnū, Ćiva.

Sur le chemin de l’intuition de la «non-dualité», nous essayons d’être cohérent et pourtant si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes nous savons combien c’est difficile. Par exemple, on vous demande de vous tenir droit, nous pensons et ressentons que nous sommes verticales, mais si on se regarde dans un miroir, nous allons voir que c’est une illusion, nous avons une épaule plus haute, la tête inclinée sur un côté, le bassin en rotation, un genou plié, le ventre en avant ou en arrière, plus d’appui sur un pied, etc. Bref, nous sommes tordu. Il en est de même dans la pratique posturale du Yoga «āsana» (devanāgarī : आसन). Nous avons besoin d’un regard extérieur pour nous redresser, nous détordre, nous aligner, nous verticaliser.

Lors de sa première rencontre avec Guruji (Śrī K. Pattabhi Jois), Anne a exprimé «c’est étrange, mais pour la première fois de ma vie, j’ai fait l’expérience qu’une personne étrangère à moi-même savait mieux que moi ce qui était bon pour moi… et je lui ai fait confiance…».

C’est dans cette qualité relationnelle qu’existe la transmission du Yoga. C’est une relation d’amour, sans amour on ne fait rien de valable, on ne peut atteindre le «Royaume des Cieux» pour un chrétien, ou ce que nous appelons la «Réalité Profonde» dans le Yoga.

La pratique du Yoga mālā, c’est un travail de précision (venant du latin prae-cisus), c’est-à-dire «sans scission», sans division de la respiration, du mouvement, de la concentration, du rythme etc. C’est un travail de réunification, d’unification. Les hindouistes, comme les chrétiens pourraient dire vivre l’état relationnel de la «Trinité».

Le trois n’est pas deux, deux n’est pas un… La Trinité n’est pas une dualité et la non-dualité «advaïta» (devanāgarī : अद्वैत), n’est pas l’Unité. il s’agit d’un Un articulé entre le «je» et le «tu» de nous-même, d’un UN relationnel…

«Oh yoguin, ne pratique pas le Yoga sans vinyāsa…»
Vāmana
Ṛṣi (devanāgarī : वामन ऋषि), Yoga Korunta 

Le quatrième śloka du Yoga Korunta exprime :

« Trī stanam avalokayé

Āsanam prānāyāma dristhihi »

Traduction

« Les trois points importants de la méthode sont :

La posture, la respiration et la concentration du regard. »

Commentaire de Shri K. Pattabhi Jois

La méthode du   consiste en trois points qui sont pratiqués simultanément :

  1. La posture Āsana : Le dos droit pour allonger et étirer la colonne vertébrale, pour assurer une bonne circulation du sang ;
  1. La respiration prānāyāma : La cage thoracique bien ouverte pour que la respiration soit bonne, longue et douce ;
  1. Dristhihi : La tête dans l’alignement et le regard dirigé sur l’un des neuf points de concentration pour que l’esprit soit concentré. De cette manière, dans votre pratique, vous ne serez plus troublé par ce qui se passe autour de vous ou à l’intérieur de vous.


Om Shanti,

JC Garnier

YOGA, les origines

Le Yoga pour le corps, le cœur et l’âme…

Lorsque les rishi des temps anciens élaborèrent le Yoga, les postures avaient un sens et une autre destination que de résoudre des problèmes de dos ou d’angoisse existentielle.

« Que l’on soit jeune, d’âge mur ou âgé, malade ou faible, on atteint la réalisation que par la pratique, par l’effort soutenu, une attention inlassable de tous les aspect du Yoga »
Haṭhayōgapradīpikā, I,64

La finalité du Yoga n’est pas la recherche de la souplesse posturale, elle concerne la paix du mental, la modification du mental.

« La réalisation vient à celui qui est constamment engagé dans la pratique. Comment viendrait-elle à l’inactif ? Ce n’est pas simplement en lisant les traités sur le yoga que la perfection peut naître »
Haṭhayōgapradīpikā, I,65

La voie du corps (Kaya Sādhanā)

Le mot « āsana », signifie : position, posture, attitude et assise. Pour la statuaire indienne, la position ou attitude posturale agit comme un langage symbolique et émotionnel qui est codifié et connu de tous. Les postures de Yoga représentent donc des figures archétypales. La pratique de ces figures dans le cadre d’une méthode, permet au pratiquant de rétablir des liens avec ses racines les plus profondes.

Shiva, dessin sur papier

Shiva, dessin sur papier

Trouver en soi l’émotion du corps, du cœur et de l’âme, accepter de faire un pas vers l’inconnu pour découvrir un autre équilibre, un autre regard.

 Avec son corps, l’homme écrit ses rêves. En se dépassant, il crée une autre réalité, une nouvelle puissance, une nouvelle souplesse, de nouvelles sensations. Cette réalisation demande de transcender les raideurs et l’inconfort pendant de nombreuses années d’effort.

Comme l’exprime si bien Satprem dans le titre d’un des ses livres « Fils du Ciel par le corps de la Terre », c’est à travers le corps de la terre, le corps de chair, le corps dense (sthūla-śarīra) que nous allons, par la pratique du Yoga, éveiller le corps de lumière, le corps d’énergie (prāṇāyāma-kośa), le corps symbolique (linga śarīra).

 

Valmiki, Ramayana

Valmiki, Ramayana

Comment s’est élaboré le concept du Yoga ?

Ce concept gouverne toutes les spéculations philosophiques de l’Inde, la réincarnation, la métempsycose. La vie actuelle ne montre qu’un stade dans une multitude de vies successives, qui ont pour attribut commun d’être douloureuses et dont il faut absolument s’affranchir.

Transmigration, douleur, délivrance…

Pour la pensée indienne, l’existence de l’âme est un fait. Cette croyance primitive avait déjà cours à la préhistoire. En effet dans les plus anciens textes connus, l’âme individuelle se présente comme le pilier de toutes les fonctions vitales de l’homme. L’âme, (Ātman), c’est le « souffle » le souffle vital (Prāṇa) par excellence, le fondement des autres souffles vitaux. Elle réside dans le corps qu’elle pénètre totalement.

Le cadre du Yoga est très bien défini dans les Yoga Sūtra ou Yogasūtra. Le pratiquant doit apprendre à s’observer, à sentir sans complaisance ni remontrance, chercher l’état de transparence avec lui-même. Être vrai avec lui-même.

Sanskrit Yoga sutra

Sanskrit Yoga sutra

Patañjali décrit dans le chapitre Sādhana pāda des Yoga Sutra, l’Aṣṭāṅga Yoga « Voici les huit « membres » (aṅga), étapes ou branches du Yoga Royal (Rāja-Yoga) ».

  1. Les interdictions, yama ( यम ) ou yamarāja ( यमराज )
  2. Les injonctions, niyama (नियम ) au nombre de cinq
  3. Les attitudes corporelles, les āsana ( आसन ) au nombre de 8 400 000, dont la plus célèbre : padmāsana
  4. La discipline respiratoire, prāṇāyāma ( प्राणायाम ), qui règle strictement l’inspiration et l’expiration dans la pratique posturale et la retenue du souffle dans les techniques de contrôle du souffle.
  5. La rétraction des sens, pratyāhāra qui conduit le sage à
  6. La concentration, dhāraņā ( धारण ) qui se poursuit par
  7. La méditation, dhyāna ( ध्यान ) qui se parachève par
  8. L’achèvement et la contemplation de l’Esprit, Samādhi.

 « Le corps est comme un char,
l’âme (ātman) en est le maître,
l’intelligence (buddhi) en est le cocher,
l’esprit (manas) joue le rôle des rênes,
 quant aux chevaux ce sont les sens (indriya न्द्रिय):
le monde est leur carrière. »
Kaṭha Upaniṣad ou Kaṭhopaniṣad 3.3

Ce que propose le Yoga est donc de discipliner le « véhicule » humain dans ses divers aspects : perceptions et actions à travers la sensorialité et la corporéité, émotions et pensées à travers le mental et l’intelligence. Le Yoga est donc une discipline et une discipline est un espace de liberté, c’est un cadre de liberté.

Seule la discipline va développer une force d’endurance de plus en plus grande, ce qui va permettre le jour où l’on rencontre une difficulté dans la vie (fatigue, maladie, doute, conflit, peur etc.) de continuer notre chemin avec Paix, Force, et Joie.

Le sanskrit, ses significations, l’écriture des Dieux

Une approche du Sanskrit « devanagari » (l’écriture des dieux), est fondamentale pour ceux qui désirent étudier la culture indienne et les disciplines lui appartenant comme l’enseignement du Yoga.

Par exemple : le  Yoga et de l’Āyurveda utilisent des termes en « sanskrit ».

Les postures, les placements et les positionnements corporels du yoga sont tous écrits en sanskrit

Généralement, ce sont des préfixes qui sont utilisés pour plusieurs postures dans le but d’en expliquer une variation, une direction, un sens.

  • Ardha, signifie « demi », « latéral »
  • Adho, signifie « vers le bas »
  • Baddha, signifie « lié »
  • Parivrtta, signifie « retourné » ou « en torsion »
  • Supta, signifie « renversé »
  • Urdhva, signifie « vers le haut »
  • Utthita, signifie « étiré »
  • Etc.

Connaître la prononciation et le sens du mot vous aide à comprend le symbolisme, les concepts spirituels et philosophiques.

Le sanskrit n’est pas seulement une langue sacrée, elle est aussi vibration, force.

« Le sanskrit a donc en propre la puissance transcendante »
et, à ce titre, il est « l’instrument technique du rite d’accomplissement de la présence et de l’action de Dieu »
 

P.-S. Filliozat

Pierre-Sylvain Filliozat

Pierre-Sylvain Filliozat

Avoir une connaissance du sanskrit permet d’évoluer dans votre pratique philosophique et posturale

« Le rapport à la langue originelle nous permet donc de nous repérer dans le temps présent et de jeter des balises pour l’avenir. Face au développement sauvage du yoga contemporain, il est bon de tracer des chemins sûrs dans la jungle des mots et des images et de mondialiser correctement la science yoguique. L’utilisation du sanscrit demeure la clé de la transmission. Elle est à l’ordre du jour. Il ne s’agit pas d’un retour rigide à la tradition. Bien plutôt d’une ferme assise pour servir la sagesse et en perpétuer la profondeur… »
Micheline Flak

 

A lire pour aller plus loin :

  • Le Sanskrit, souffle et lumière : voyage au cœur de la langue sacrée de l’Inde, par Colette POGGI, aux éditions ALMORA
  • Le sanskrit, par P.-S. Filliozat, (Que sais-je ?, 1416), Paris, aux éditions PUF, 1992.
Colette Poggi

Colette Poggi

Cours particulier de Yoga personnalisé pour initiation ou approfondissement.

Le cours individuel convient à tous  particulièrement aux débutants ou aux avancés.

 

Dispensés par Jean Claude Garnier, les cours privés offrent un cadre idéal pour mieux comprendre les mécanismes subtils du yoga et jouir de ses nombreux bienfaits.

Ces cours sont particulièrement adaptés à des personnes qui ont arrêté leur activité sportive et corporelle, et qui souhaitent la retrouver grâce à la pratique de l’Ashtanga yoga :

  • Tonicité, assouplissement, détente, soulagement des tensions.
  • La recherche d’un meilleur équilibre postural,
  • La synchronisation du souffle et des mouvements corporels qui favorise l’écoute de soi et un plus juste rapport dans la relation avec soi-même et les autres.
  • Un cours individuel est un cours totalement adapté à vos possibilités corporelles, respiratoires et de coordination. Une séance conçue selon vos besoins, avec un suivi individualisé.

Cela va vous permettre de retrouver :

 Une Harmonisation :

C’est le travail de base qui permet de retrouver l’harmonisation de la relation corps/souffle.

 Une Restructuration :

  • Il permet aux pratiquants débutants ou confirmés, grâce à l’utilisation judicieuse du souffle, de perfectionner le travail postural et respiratoire.
  • Un accompagnement thérapeutique personnalisé afin de soulager blessures et inconforts

Un cours individuel pour un pratiquant avancé.

Un approfondissement de votre pratique de l’Ashtanga Yoga pour vous permettre un ajustement plus fin et personnalisé dans les séries avancées (seconde, troisième et quatrième série…), tant au niveau postural que dans le vinyasa.

Des réponses précises à toutes les questions que vous vous posez.

Aborder et sortir d’une posture dans la pratique de l’Ashtanga Yoga (Vinyāsa Krama)

Dans la pratique de l’Ashtanga Yoga (Yoga Korunta), il y a une progression précise, établie avec beaucoup d’intelligence, pour aborder une posture comme pour en sortir. C’est ce qu’on appelle le Vinyāsa Krama.

Les postures sont reliées les unes aux autres par des mini-séquences ou séquences complètes venant de la salutation au soleil (Surya Namaskara).

Ashtanga Yoga_Adho Mukha Svannasana _suryanamaskara_A

Dans l’Ashtanga Yoga, le travail posturale et le Viniyasa ont la même importance. Dans un premier temps, nous voyons l’apprentissage postural avec un enchaînement simple. Une fois les postures connues vient l’enseignement des enchaînements (le Viniyasa complet).

Srivatsa Ramaswami, old student of Shri T. Krishnamacharya

Srivatsa Ramaswami, old student of Shri T. Krishnamacharya

«En intégrant les fonctions de l’esprit, du corps et du souffle. . . Un praticien connaîtra la vraie joie de la pratique du yoga. . . Vinyāsa Krama yoga suit strictement la définition
la plus complète de yoga classique ».

Srivatsa Ramaswami

Il y a deux facteurs importants.

  1. Toutes les postures (āsana), sont dans un ordre immuable.
  2. Comme l’a merveilleusement enseigné Sri K. Pattabhi Jois, il y a un nombre précis de transitions synchronisées de respiration / mouvement qui relient chaque position (āsana).

Le processus du Vinyāsa Krama produit une chaleur interne intense (tapas) permettant la purification, l’élimination des toxines des muscles, des organes et du mental. Le résultat en est, un corps léger qui respire la paix, la force et la joie profonde.

La pratique du Yoga mālā, c’est un travail de précision (venant du latin prae-cisus), c’est-à-dire «sans scission», sans division de la respiration, du mouvement, de la concentration, du rythme etc. C’est un travail de réunification, d’unification.

 

La position du regard dans les postures de Yoga (Drishti)

Dans la pratique de l’Aṣṭāṅgayoga, les yeux sont ouverts. Comme lorsque l’on conduit un véhicule, que ce soit une voiture, une moto ou une bicyclette on regarde la route dans la direction où l’on va, autrement… c’est l’accident.

Le regard, dans l’Ashtanga Yoga c’est le chemin vers la plénitude…

«Oh yoguin, ne pratique pas les āsana(s) sans dhristi…»

Vāmana Ṛṣi Yoga Korunta

Drishti, c’est la concentration du regard sur un lieu du corps pendant l’exécution d’une posture lorsque celle-ci est maintenue pendant plusieurs respirations.

Les bienfaits de Drishti dans la pratique posturale

  1. Développe la concentration
  2. Améliore la direction aux flux nerveux
  3. Donne du mouvement aux tissus conjonctifs (tissus qui enveloppent nos muscles, appelés aussi fascias)

Le premier verset (sloka) du Yoga Korunta cite les 9 drishti :

  1. La pointe du nez « Nasagrai »
  2. Entre les deux yeux (3ème œil)   « Nétriore ma diai »
  3. Le nombril « Nabit chakaam staté wad chã »
  4. Le milieu de la main « Hastha grai »
  5. Le milieu du pied « Padãyour grai »
  6. Un point situé à l’horizontal à droite  « Parsvai yur ho béyur hãpi »
  7. Un point situé à l’horizontal à gauche « Parsvai yur ho béyur hãpi »
  8. Les pouces, mains jointes en prière « Angusta ma diai »
  9. Regarder le ciel à la verticale des yeux « Urdhva drishti hi »

 » Le yoguin fixant son énergie visuelle entre les deux sourcils, égalisant les inspirations et expirations qui cheminent à l’intérieur du nez, maître de ses facultés sensibles, de ses facultés mentales et intellectuelles, le Sage tendu vers la délivrance, sa fin ultime, est dépris du désir, de la crainte et de la colère; il est libéré à jamais. »
Bhagavad Gītā, V,22/28

 

 

Les trois points importants dans la pratique du yoga

Le point fort de « la guirlande de postures » (Yoga Mālā), enseigné par Sri K. Pattabhi Jois s’appelle « Le Vinyasa ». Il est décrit dans le quatrième śloka du Yoga Korunta :

En Sancrit devanagrari

« ट्री स्तनम् अवलोकय्é आसनम् प्राņआयाम द्रिस्थिहि »

En caractère occidental

« Trī stanam avalokayé āsanam prāņāyāma dristhihi »

Que l’on peut traduire par :

Le vinyāsa, les mouvements de liaison entre les postures, est composé de trois fondamentaux (Tristana) qui sont :

  1. La respiration (Ujjãyi Prãnãyãma – le souffle victorieux)
  2. Le contrôle du planché pelvien et du ballon abdominal (Mūla bandha),
  3. Le focus du regard (drishti) dans les postures (āsana).

Chacun de ces trois espaces (positionnement -Bandha) est l’un des composants de la technique de la respiration posturale appelée « ujjāyī prāņāmāya ».

Les 3 points ashtanga yoga FR

Quand les trois composants (Tristana) sont en harmonie, synchronisés avec le mouvement, l’enchaînement des postures de Yoga et son rythme, le pratiquant a atteint le tristana. Après avoir atteint le tristana, le pratiquant (le sādhaka) entre dans la 7ème partie de l’aṣṭāṅgayoga, la méditation (dhyāna).

La respiration ujjāyī est la base du « Vinyasa ». Le bon positionnement du corps dans les ãsana(s) résulte des Bandha(s), Drishti vient compléter cette trinité