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La voie de la tradition Orthodoxe

Faire le vide, trouver l’absence, afin de trouver la Présence…rencontrer le ciel dans la terre. Dans la tradition orthodoxe, c’est faire l’expérience qui importe, c’est par le vécut sensoriel et émotionnel que la rencontre se fait et non pas à travers une théorie ou une idéologie religieuse.

« Se voir soi-même dans un autre et dans l’aimé »
Le père Georges

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La tradition, c’est un vécut « charismatique », c’est le sens du mot communion, ce n’est donc pas seulement une mémoire historique des mots.

Toutes les Églises orthodoxes se réclament selon la tradition d’une fondation datant du Ier siècle de notre ère.

Comme la tradition hindouiste qui se veut fidèle aux Veda, la tradition des Églises Orthodoxes se veut être fidèles à l’Évangile, à l’enseignement des apôtres, à la foi, à la prière, à la Tradition. Cette « Tradition » s’appuie sur des témoins, appelés ici les Pères de l’Église, les Pères du désert, les instructeurs de la vie monastique, car leur travail d’ascèse et leur vie spirituelle sont éminemment doctrinaux. Ils sont comme les Rishi(s) de l’Inde ancienne avec toute la force provenant de l’expérience ascétique et le vécu du Divin à travers la prière.

Ce sont eux qui comme les Yogi, incarnent, font vivre et fleurir de génération en génération, la VOIE, le CHEMIN, dans leur vie et en transmettent toute la force.

La vocation du désert passe notamment par le Mont Sinaï, le Mont Athos et les monastères des Météores.

  • Le Mont Sinaï (montagne de Moïse) abrite le monastère Sainte-Catherine du Sinaï, appelé aussi monastère de la Transfiguration, qui attire de nombreux pèlerins. Pour aller au somment du Mont Sinaï prendre le Siket Sayidna Musa, qui passe dans le ravin derrière le monastère « la route aux 3750 pas de pénitence »
  • Le Mont Athos (La Sainte Montagne) réunit vingt monastères qui abritent environ 2 000 moines orthodoxes et d’autres chercheurs de vérité dans un paysage de montagne surnommé le « Tibet chrétien ».
    Pour séjourner au Mont Athos : Il est nécessaire d’obtenir un permit (le fameux « diamonitirion »). Pour l’obtenir, il faut s’adresser au Bureau des Pèlerins de Thessalonique, « Grafio Proskikiton 109 rue Egnatia – 54622 Thessalonique Grèce ». Donner votre date souhaitée d’entrée au Mont Athos, on peut écrire, envoyer un fax (00 30 2310 222424), un courriel (pilgrimsbureau@c-lab.gr), ou téléphoner (00 30 2310 252578). Le plus facile est de téléphoner. Le responsable parle français, anglais et grec va vous donner tous les renseignements utiles pour l’obtention du « diamonitirion ». L’envoi des pièces justificatives peut se faire par mail. On peut solliciter un renouvellement pour une durée de 4 à 8 jours à Karyès, la capitale administrative au Mont Athos (bureaux en haut des escaliers, à droite de l’église).
  • Les monastères des Météores ou les monastères suspendus au ciel (Μετέωρα Μοναστήρια), Athanase le Grand, est le fondateur du monastère de la Transfiguration ou Le monastère du Grand Météore. Aujourd’hui seuls six monastères sont encore en activité.

Kyrie Eleison           

La Prière du cœur est destiné à être répétée en permanence, sans distraction de l’esprit, comme un mantra. C’est la clef de voûte de la pratique spirituelle de l’Église d’Orient, qui conduit à l’union mystique avec Dieu.

 » L’homme est semblable à un arbre :
le labeur corporel représente les feuilles,
tandis que la garde de l’intérieur est le fruit.
Or l’Écriture dit :
Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits
sera coupé et jeté au feu « .
Il est donc manifeste que tout notre effort doit regarder le fruit,
c’est-à-dire la garde de l’Esprit ; nous avons besoin néanmoins
du couvert et de la parure des feuilles : c’est le labeur corporel.  »
Apophtegmes, Agathon, 8.

Tel sera l’enseignement des maîtres de l’hésychasme : ils ne cesseront de recommander avant tout d’être attentif à soi-même, de rentrer dans son cœur ; ou, selon l’expression de saint Jean Climaque, « d’aspirer à circonscrire l’incorporel (esprit) dans le corporel  », au lieu de le laisser se disperser au dehors. C’est ce que nous appelons Pratyāhāra et Dhāraṇā dans l’ascèse du yoga.

Mais à la pratique de l’invocation, il faut ajouter certaines conditions plus extérieures :

La première – la retraite dans la solitude et le silence, loin de toute agitation mondaine.

La deuxième – À la vie dans la retraite, la tradition hésychaste a ajouté dans la suite la pratique d’une posture corporelle déterminée et d’un certain contrôle de la respiration. C’est ce que nous appelons Āsana et Prāṇāyāma dans le Yoga.

« Qu’on n’aille pas penser, frères chrétiens, que seuls les prêtres et les moines ont le devoir de prier continuellement, et non les laïcs. Non, non. Tous les chrétiens ont en commun le devoir de se trouver toujours en prière. »
Grégoire Palamas

Dans la philosophie et pratique de base, il n’y a pratiquement aucune différence entre un ascète hindouiste et l’approche de Dieu dans la voie orthodoxe. C’est à travers l’ascèse du corps, le contrôle respiratoire et le contrôle du mental grâce à la répétition d’un mantra que l’on parvient à l’Ultime.

Pour allez plus loin :

  • Petite philocalie de la prière du cœur, Éditions du Seuil (1 novembre 1979) ISBN-10 : 2020053489
  • Philocalie des Pères Neptiques T.A1, Bellefontaine59 (1 décembre 2004) ISBN-10 : 2855899753
  • Vous pouvez lire l’excellent article de Jacques Vigne, intitulé « Non-dualité et Mystique Chrétienne », Vedānta et hésychasme, publié dans les Question de n° 99 et 100 (1995). Ce texte est une étude sur le christianisme et l’hindouisme, en particulier l’hésychasme, c.à.d, la mystique des Pères du désert, et du Vedānta.

 

YOGA, les origines

Le Yoga pour le corps, le cœur et l’âme…

Lorsque les rishi des temps anciens élaborèrent le Yoga, les postures avaient un sens et une autre destination que de résoudre des problèmes de dos ou d’angoisse existentielle.

« Que l’on soit jeune, d’âge mur ou âgé, malade ou faible, on atteint la réalisation que par la pratique, par l’effort soutenu, une attention inlassable de tous les aspect du Yoga »
Haṭhayōgapradīpikā, I,64

La finalité du Yoga n’est pas la recherche de la souplesse posturale, elle concerne la paix du mental, la modification du mental.

« La réalisation vient à celui qui est constamment engagé dans la pratique. Comment viendrait-elle à l’inactif ? Ce n’est pas simplement en lisant les traités sur le yoga que la perfection peut naître »
Haṭhayōgapradīpikā, I,65

La voie du corps (Kaya Sādhanā)

Le mot « āsana », signifie : position, posture, attitude et assise. Pour la statuaire indienne, la position ou attitude posturale agit comme un langage symbolique et émotionnel qui est codifié et connu de tous. Les postures de Yoga représentent donc des figures archétypales. La pratique de ces figures dans le cadre d’une méthode, permet au pratiquant de rétablir des liens avec ses racines les plus profondes.

Shiva, dessin sur papier

Shiva, dessin sur papier

Trouver en soi l’émotion du corps, du cœur et de l’âme, accepter de faire un pas vers l’inconnu pour découvrir un autre équilibre, un autre regard.

 Avec son corps, l’homme écrit ses rêves. En se dépassant, il crée une autre réalité, une nouvelle puissance, une nouvelle souplesse, de nouvelles sensations. Cette réalisation demande de transcender les raideurs et l’inconfort pendant de nombreuses années d’effort.

Comme l’exprime si bien Satprem dans le titre d’un des ses livres « Fils du Ciel par le corps de la Terre », c’est à travers le corps de la terre, le corps de chair, le corps dense (sthūla-śarīra) que nous allons, par la pratique du Yoga, éveiller le corps de lumière, le corps d’énergie (prāṇāyāma-kośa), le corps symbolique (linga śarīra).

 

Valmiki, Ramayana

Valmiki, Ramayana

Comment s’est élaboré le concept du Yoga ?

Ce concept gouverne toutes les spéculations philosophiques de l’Inde, la réincarnation, la métempsycose. La vie actuelle ne montre qu’un stade dans une multitude de vies successives, qui ont pour attribut commun d’être douloureuses et dont il faut absolument s’affranchir.

Transmigration, douleur, délivrance…

Pour la pensée indienne, l’existence de l’âme est un fait. Cette croyance primitive avait déjà cours à la préhistoire. En effet dans les plus anciens textes connus, l’âme individuelle se présente comme le pilier de toutes les fonctions vitales de l’homme. L’âme, (Ātman), c’est le « souffle » le souffle vital (Prāṇa) par excellence, le fondement des autres souffles vitaux. Elle réside dans le corps qu’elle pénètre totalement.

Le cadre du Yoga est très bien défini dans les Yoga Sūtra ou Yogasūtra. Le pratiquant doit apprendre à s’observer, à sentir sans complaisance ni remontrance, chercher l’état de transparence avec lui-même. Être vrai avec lui-même.

Sanskrit Yoga sutra

Sanskrit Yoga sutra

Patañjali décrit dans le chapitre Sādhana pāda des Yoga Sutra, l’Aṣṭāṅga Yoga « Voici les huit « membres » (aṅga), étapes ou branches du Yoga Royal (Rāja-Yoga) ».

  1. Les interdictions, yama ( यम ) ou yamarāja ( यमराज )
  2. Les injonctions, niyama (नियम ) au nombre de cinq
  3. Les attitudes corporelles, les āsana ( आसन ) au nombre de 8 400 000, dont la plus célèbre : padmāsana
  4. La discipline respiratoire, prāṇāyāma ( प्राणायाम ), qui règle strictement l’inspiration et l’expiration dans la pratique posturale et la retenue du souffle dans les techniques de contrôle du souffle.
  5. La rétraction des sens, pratyāhāra qui conduit le sage à
  6. La concentration, dhāraņā ( धारण ) qui se poursuit par
  7. La méditation, dhyāna ( ध्यान ) qui se parachève par
  8. L’achèvement et la contemplation de l’Esprit, Samādhi.

 « Le corps est comme un char,
l’âme (ātman) en est le maître,
l’intelligence (buddhi) en est le cocher,
l’esprit (manas) joue le rôle des rênes,
 quant aux chevaux ce sont les sens (indriya न्द्रिय):
le monde est leur carrière. »
Kaṭha Upaniṣad ou Kaṭhopaniṣad 3.3

Ce que propose le Yoga est donc de discipliner le « véhicule » humain dans ses divers aspects : perceptions et actions à travers la sensorialité et la corporéité, émotions et pensées à travers le mental et l’intelligence. Le Yoga est donc une discipline et une discipline est un espace de liberté, c’est un cadre de liberté.

Seule la discipline va développer une force d’endurance de plus en plus grande, ce qui va permettre le jour où l’on rencontre une difficulté dans la vie (fatigue, maladie, doute, conflit, peur etc.) de continuer notre chemin avec Paix, Force, et Joie.

Historique du Yoga Korunta (Ashtanga Yoga)

C’est grâce au mécénat du Maharadjah de Mysore (très connu pour sa philanthropie et sa foi spirituelle) que Sri T. Krishnamacharya, voyageant dans le nord de l’inde pour propager la science du Yoga afin de soigner différentes maladies, découvrit par hasard, dans les années 1930, à la bibliothèque universitaire de Calcutta, un ancien manuscrit écrit sur des feuilles de palmier intitulé « Yoga Korunta ». L’auteur, un sage des temps anciens, s’appelait « Vanama Rishi». Le document rédigé entre 500 et 1500 avant Jésus Christ était complet et dans un excellent état de conservation. A la tournure de certaines phrases, Sri T. Krishnamacharya qui était aussi un spécialiste du Sanscrit ancien, comprit qu’il faisait partie d’une tradition orale bien plus ancienne (entre 3000 & 4000 ans avant J.C.).

Sri T. Krishnamacharya

Sri T. Krishnamacharya

Suite à cette découverte, Sri T. Krishnamacharya, qui enseignait alors une autre méthode de yoga, transforma pour la troisième fois son enseignement. Il demanda à Shri K. Pattabhi Jois de se vouer exclusivement à cette méthode de Yoga original, appelé Yoga Korunta et de le transmettre.

Dès 1937, en Inde, à Mysore, Pattabhi enseigna le Yoga Korunta.

Ce n’est qu’à la fin des années 60 qu’André Van Lysebeth, premier professeur de yoga européen, passe trois mois à étudier le Yoga en Inde avec Pattabhi.

André parle de lui, de sa qualité d’enseignement, le fait connaître en faisant paraître des articles élogieux dans la revue « YOGA » qu’il édite.

La "REVUE YOGA"

La « REVUE YOGA »

Autour de 1973, des américains assistent à la démonstration de yoga par Manju Jois (fils de Pattabhi) à l’ashram de Gitānanda (près de Pondichéry). Ainsi Norman Allen devint l’élève de Pattabhi ou Guruji pour ses disciples, puis vinrent Nancy Gilgoff et David Williams.

Pattabhi a choisi d’utiliser le terme « Ashtanga » pour son école par référence à l’un des six points de vue de la philosophie indienne orthodoxe, le « Yoga ». Les autres points de vue sont : Nyāya, Vaisheshika, Sāṃkhya, Mîmâmsâ, Vedānta.

La bible du Yoga écrit par Patañjali, est « les Yoga Sūtra » (sorte de synthèse de toutes les connaissances précédentes existantes).

Au deuxième chapitre de ce livre, au verset (YS II-29), sont expliqués les fondements de la pratique du yoga dont la définition est « aṣṭāṅga yoga ». Ainsi, toutes les techniques spirituelles faisant référence à ce livre peuvent être nommées aṣṭāṅga yoga.

C’est alors la transformation du nom de « Yoga Korunta » en « Ashtanga Yoga ». En effet l’Institut de Pattabhi s’appelait « Ashtanga Yoga Research Institute of Mysore », les étudiants américains ont de ce fait pensé qu’il enseignait un Yoga nommé « Ashtanga Yoga ». 

En 1975, Nancy Gilgoff et David Williams invitèrent Guruji et son fils Manju, qui partent alors faire leur premier voyage en Amérique, pour enseigner le yoga. Manju resta aux État Unis. Cette pratique de Yoga se diffusa rapidement en Amérique depuis la Californie, et s’étendrit jusqu’à Hawaï, sous le nom d’Ashtanga Yoga. 

Les livrets de JB Rishi sur l'Ashtanga Yoga

En Europe, les premiers professeurs à diffuser cette méthode s’appelaient Jean-Pierre Radhu (Belgique), Gabriel Plessis (Paris, Rouen – 1972). Jean Bernard Rishi, à Paris (France – 1975), publia avec l’accord de Guruji des livrets sur les salutations au soleil de Mysore et les postures debout (photos de Pattabhi en N&B). Après avoir enseigné l’Ashtanga Yoga pendant plusieurs années, ils ont tous changé de méthode pour différentes raisons. Plus tard, Jean Claude Garnier (France, Belgique – 1978) et Serge Fonteneau (France, Château Renauld) ont adopté les enseignements de Pattabhi et ont pris à cœur de les diffuser.

De nos jours, cette forme traditionnelle de Yoga, surtout connue sous le nom d’Ashtanga Yoga, est l’une des les plus pratiquée au monde.

Sharath Rangaswamy, le petit-fils de Sri K. Pattabhi Jois, transmets l’Ashtanga Yoga qu’il a appris de son grand-père.

Pour aller plus loin :

  • Yoga Mala – Sri K. Pattabhi Jois (Broché)
  • Ashtanga Yoga – John Scott (Le courrier du livre).
  • Ashtanga Yoga – Le Guide Pratique: Un Guide Illustré Destiné à une Pratique Personnelle, Première et Deuxième… de David Swenson