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La position du regard dans les postures de Yoga (Drishti)

Dans la pratique de l’Aṣṭāṅgayoga, les yeux sont ouverts. Comme lorsque l’on conduit un véhicule, que ce soit une voiture, une moto ou une bicyclette on regarde la route dans la direction où l’on va, autrement… c’est l’accident.

Le regard, dans l’Ashtanga Yoga c’est le chemin vers la plénitude…

«Oh yoguin, ne pratique pas les āsana(s) sans dhristi…»

Vāmana Ṛṣi Yoga Korunta

Drishti, c’est la concentration du regard sur un lieu du corps pendant l’exécution d’une posture lorsque celle-ci est maintenue pendant plusieurs respirations.

Les bienfaits de Drishti dans la pratique posturale

  1. Développe la concentration
  2. Améliore la direction aux flux nerveux
  3. Donne du mouvement aux tissus conjonctifs (tissus qui enveloppent nos muscles, appelés aussi fascias)

Le premier verset (sloka) du Yoga Korunta cite les 9 drishti :

  1. La pointe du nez « Nasagrai »
  2. Entre les deux yeux (3ème œil)   « Nétriore ma diai »
  3. Le nombril « Nabit chakaam staté wad chã »
  4. Le milieu de la main « Hastha grai »
  5. Le milieu du pied « Padãyour grai »
  6. Un point situé à l’horizontal à droite  « Parsvai yur ho béyur hãpi »
  7. Un point situé à l’horizontal à gauche « Parsvai yur ho béyur hãpi »
  8. Les pouces, mains jointes en prière « Angusta ma diai »
  9. Regarder le ciel à la verticale des yeux « Urdhva drishti hi »

 » Le yoguin fixant son énergie visuelle entre les deux sourcils, égalisant les inspirations et expirations qui cheminent à l’intérieur du nez, maître de ses facultés sensibles, de ses facultés mentales et intellectuelles, le Sage tendu vers la délivrance, sa fin ultime, est dépris du désir, de la crainte et de la colère; il est libéré à jamais. »
Bhagavad Gītā, V,22/28

 

 

Le contrôle abdominal, Uḍḍiyāna

Dans la tradition du yoga, il y a plusieurs positionnements musculaires (Bandha).

Le premier contrôle est « Mūla », le plancher pelvien, la base.

Le deuxième contrôle est « Uḍḍiyāna », le ballon abdominal.

  1. à la fin de l’expiration, (quand vous êtes complètement à vide)
  2. Vous allongez l’espace entre les crêtes iliaques et les côtes
  3. Vous allongez les transverses, les obliques (internes et externes) et les grands droits

Ne pas confondre avec la position « Uḍḍiyāna bandha» qui n’est pas une respiration, mais un arrêt de la respiration.

La meilleure position pour apprendre & approfondir uḍḍiyāna & mūla bandha

Cette  » rentrée abdominale  » peut être expérimentée très facilement dans la posture « Adho Mukha Svānnāsana » (la position du chien tête en bas) de sūryanamaskara. Cette position étant tenue durant cinq respirations profondes.

L’ensemble « Mūla Bandha & Uḍḍiyāna » représente un système de sécurité protégeant le corps, grâce à son action sur les fascias inférieurs du corps (tension réciproque des fascias droits et gauches).

Cet ensemble participe au contrôle de l’énergie dans le corps (Prāṇa)

 

 

 

Positionnement musculaire du plancher pelvien lors de la pratique (Mūla Bandha)

Dans la tradition du Yoga, il y a plusieurs positionnements musculaires (Bandha).

Le premier contrôle est « Mūla », le plancher pelvien, la base.

  1. à la fin de l’expiration, (quand vous êtes complètement à vide)
  2. vous montez le sphincter anal, (pas nécessaire de le contracter)
  3. Ce positionnement va entraîner la rentrée du bas du ventre

Quelle que soit la posture, le Mūla bandha produit l’énergie nécessaire pour une base posturale ferme.

Mūla Bandha est maintenu pendant toute la durée de la séance posturale.

En soi, Il n’est vraiment pas difficile de maîtriser Mūla bandha, c’est simplement une question d’attention, de concentration et de temps.

Sri K. Pattabhi Jois considérait qu’il fallait environ 5 ans pour le maîtriser complètement.

Le deuxième contrôle est « Uḍḍiyāna », le ballon abdominal. (Voir page)

L’ensemble « Mūla Bandha & Uḍḍiyāna » représente un système de sécurité protégeant le corps grâce à son action sur les fascias inférieurs du corps (tension réciproque des fascias droits et gauches).

Cet ensemble participe au contrôle de l’énergie dans le corps (Prāṇa)

Il ne suffit pas de serrer l’anus et de remonter cette sensation vers le centre de l’abdomen comme certaines personnes le pensent à tort pour que pour Mūla Bandha, soit présent. Non, ce serait trop simple…

Les invocations, ou chants dans la pratique de l’Ashtanga Yoga

Selon l’enseignement de Sri K. Pattabhi Jois, cette prière exprime le souhait de se libérer des illusions (Māyā) pour atteindre la connaissance suprême (Satcitānanda). Elle est récitée par les pratiquants avant toute pratique de l’Ashtānga-Yoga.

Le chant d’un début de cours

Présenté comme un moment de changement, une attitude intérieure, un rite de passage qui va du temps profane, ordinaire, au temps sacré.

Elle cherche à produire un retournement des sens qui dans le temps profane sont tournés vers l’extériorité, vers le temps sacré de l’intériorité afin d’accéder au sentiment d’unité avec soi-même.

C’est un temps consacré à l’éveille de la vie intérieure dans le cœur du pratiquant.

Après l’agitation du monde profane, ce recentrage permet de trouver « l’immobilité, le repos, le calme, le silence intérieur » du grec ἡσυχασμός (hesychasmos) « être en paix, garder le silence » du grec ἡσυχάζω (hesychadzo). Elle vise la paix de l’âme.

« Dieu s’est fait homme, pour que l’homme puisse devenir Dieu »
Athanase d’Alexandrie (Αθανάσιος)
298 – 373

 

 

अष्टाङ्गयोग मंत्रम्
वन्दे गुरूणां चरणारविन्दे
सन्दर्शित स्वात्म सुखाव बोधे ।

vande gurūṇāṁ caraṇāravinde
sandarśita svātma sukhāva bodhe |

निःश्रेयसे जङ्गलिकायमाने
संसार हालाहल मोहशांत्यै ॥

niḥ-śreyase jaṅgali-kāyamāne
saṁsāra hālāhala mohaśāṁtyai ||

 

आबाहु पुरुषाकारं
शंखचक्रासि धारिणम् ।

ābāhu puruṣākāraṁ
śaṁkhacakrāsi dhāriṇam |

सहस्र शिरसं श्वेतं
प्रणमामि पतञ्जलिम् ॥

sahasra śirasaṁ śvetaṁ
praṇamāmi patañjalim ||

 

vande gurūṇāṁ caraṇāravinde
sandarśita svātma sukhāva bodhe
niḥ-śreyase jaṅgali-kāyamāne
saṁsāra hālāhala mohaśāṁtyai

ābāhu puruṣākāraṁ
śaṁkhacakrāsi dhāriṇam
sahasra śirasaṁ śvetaṁ
praṇamāmi patañjalim

Traduction de Jean Claude en français

Om ()

Je m’incline devant les pieds de lotus du guru suprême.
Qui enseigne la Connaissance, éveillant l’immense bonheur de la révélation à soi-même.
Il agit tel le médecin de la jungle,
capable de dissiper les illusions et le poison d’une existence conditionnée.

 

Devant Patañjali, incarnation d’Adisesa, de couleur blanche, aux mille visages radieux (sous sa forme du serpent divin Ananta), à forme humaine sous les épaules, portant le glaive de la discrimination, une roue
de feu symbolisant l’éternité et la conque représentant le son divin.
Je me prosterne.
Om

Statue en granit d'un dévot en prière

Statue en granit d’un dévot en prière

Le chant de fin d’un cours

Après la pratique posturale, vient le moment du « chant de fin de cours » en sanskrit.
Après avoir échangé avec notre intériorité nous nous disons « au revoir ».
Nous allons prendre congé, en nous promettant une nouvelle rencontre.
Ce chant est une façon de rendre grâce, de remercier les maîtres de Yoga.
De nouveau nous allons nous ouvrir à l’extériorité afin de partager notre Paix intérieure avec le monde.
Puis en s’allongeant au sol, vient le moment pour l’intégration du cours (la position savāsana).

OM

स्वस्तिप्रजाभ्यः परिपालयंतां
न्यायेन मार्गेण महीं महीशाः ।
svasti-prajā-bhyaḥ pari-pāla-yaṁtāṁ
nyāyena mārgeṇa mahīṁ mahīśāḥ |

गोब्राह्मणेभ्यः शुभमस्तु नित्यं
लोकाः समस्ताः सुखिनोभवंतु ॥
go-brāhmaṇebhyaḥ śubham-astu nityaṁ
lokāḥ samastāḥ sukhino-bhavaṁtu ||

ॐ शान्तिः शान्तिः शान्तिः
auṁ śāntiḥ śāntiḥ śāntiḥ

Traduction de Jean Claude en français 

Om
Que tous les hommes soient protégés et vivent en Paix.
Que les dirigeants marchent sur le chemin de la justice.
Que le monde entier et les chercheurs de vérités soient sous la protection divine.
Ainsi l’existence sera heureuse pour tous.
Om, soyez en paix, allez en paix, partagez la paix…

Om-mandala

« Om, la syllabe sacré, est le tout, ce qui fût, ce qui est et ce qui sera; impérissable, elle est au-delà des trois temps. »
Māṇḍūkya Upaniṣad

Les trois points importants dans la pratique du yoga

Le point fort de « la guirlande de postures » (Yoga Mālā), enseigné par Sri K. Pattabhi Jois s’appelle « Le Vinyasa ». Il est décrit dans le quatrième śloka du Yoga Korunta :

En Sancrit devanagrari

« ट्री स्तनम् अवलोकय्é आसनम् प्राņआयाम द्रिस्थिहि »

En caractère occidental

« Trī stanam avalokayé āsanam prāņāyāma dristhihi »

Que l’on peut traduire par :

Le vinyāsa, les mouvements de liaison entre les postures, est composé de trois fondamentaux (Tristana) qui sont :

  1. La respiration (Ujjãyi Prãnãyãma – le souffle victorieux)
  2. Le contrôle du planché pelvien et du ballon abdominal (Mūla bandha),
  3. Le focus du regard (drishti) dans les postures (āsana).

Chacun de ces trois espaces (positionnement -Bandha) est l’un des composants de la technique de la respiration posturale appelée « ujjāyī prāņāmāya ».

Les 3 points ashtanga yoga FR

Quand les trois composants (Tristana) sont en harmonie, synchronisés avec le mouvement, l’enchaînement des postures de Yoga et son rythme, le pratiquant a atteint le tristana. Après avoir atteint le tristana, le pratiquant (le sādhaka) entre dans la 7ème partie de l’aṣṭāṅgayoga, la méditation (dhyāna).

La respiration ujjāyī est la base du « Vinyasa ». Le bon positionnement du corps dans les ãsana(s) résulte des Bandha(s), Drishti vient compléter cette trinité