Bonsoir, Voici de quoi alimenter votre feu intérieur dans cette nouvelle Newsletter à la veille de Noël. Avec de bonnes résolutions de fermeté, de stabilité et d’endurance, prises pour l’an nouveau, vous repartirez de plus belle pour mettre en œuvre votre Sādhana Om Shanti et bonne lecture ! Jean Claude Garnier
Comment un mot ĀSANA amène une reflexion globale sur le yoga
Āsana आसन
Āsanam = posture de méditation
La racine verbale ĀS– signifie : « s’asseoir »
Le suffixe «ana », signifie : « le fait de faire »
Āsana signifie donc littéralement « le fait de s’asseoir ou d’être assis »
« C’est cette croyance en un ordre cosmique, dont le rôle de l’art était de capturer, de rendre visibles les principes, qui a servi de base à l’établissement de la théorie de tous les arts dans l’Inde ancienne. »
Alain Daniélou (Approche de l’hindouisme).
Comme l’exprimait Sri T. Krishnamacharya, le yoga, c’est le cadeau de l’Inde au monde. Si on regarde attentivement, toutes les disciplines corporelles (gymnastique, aérobic, culture physique, danse, thérapeutique du corps et de l’âme comme la psychanalyse, etc.) ont emprunté quelque chose à cette science, connue depuis des millénaires en Inde. Pourtant, le Yoga classique est méconnu et il circule de nombreuses fausses idées sur ce sujet.
Le Yoga
Pour beaucoup d’occidentaux, le yoga, c’est uniquement le hatha-yoga (Haṭhayoga हठयोग), c’est-à-dire les exercices physiques, les postures ou « āsana ».
Approfondir le yoga, ce n’est pas apprendre une nouvelle posture de plus, ni de pratiquer une heure de plus chaque jour la méditation…
Il s’agit d’élargir le champ de sa conscience par le yoga de la connaissance : le jñānayoga ; le champ relationnel par le yoga de l’adoration : le Bhaktiyoga ; le champ de l’action écologique par le yoga de l’action : le Karmayoga.
Le Yoga n’est pas une discipline ésotérique mystico-fumeuse parfumée d’encens. Le yoga est une science exacte du corps en statique et en mouvement s’appuyant sur des connaissances d’anatomie et de physiologie, le prāṇāyāma est une science de la respiration s’appuyant sur des connaissances de la dynamique des fluides et de la circulation des flux nerveux, ce sont des sciences extrêmement cartésiennes qui ont été observées et répertoriées depuis des millénaires.
Avec la mondialisation, le yoga c’est dilué
Aujourd’hui le Yoga est connu dans le monde entier, malheureusement, il a été dépouillé de son contexte traditionnel y compris par de nombreux maîtres indiens pour le rendre plus accessible aux occidentaux (Desikachar, BKS Iyengar etc…). Il y a perdu de sa substance, de son authenticité…
Sri Tirumalai Krishnamacharya a étudié un peu plus de 3000 postures de Yoga de son maître Ramamohan Brahmachari dans une grotte proche de Manas Sarovar au Tibet. Dans son livre « Light on Yoga », BKS Iyengar en décrit seulement 602 ; Sri K Pattabhi Jois en enseignait à peu près autant si on pratique les six séries… Le Yoga Bikram se constitue de 26 postures, André van Lysebeth dans sa série dite de « Rishikesh » n’enseignait que 12 postures de base…
Il est évident que le Yoga s’est dilué…
La définition du Yoga :
Le mot « Yoga », vient de la racine sanskrite « Yug », qui veut dire lier, unir ou encore diriger et concentrer son attention. C’est donc une pratique qui amène progressivement le pratiquant à intégrer, au corps le plus matériel (le corps grossier) les différents corps internes ou corps subtils pour d’arriver ainsi jusqu’à l’âme. Pour cela nous utilisons les postures (āsana), les techniques respiratoires (prāṇāyāma), la concentration (dhāraṇā), l’écoute intérieure (pratyāhāra) et la méditation (dhyāna).
Les Yogasūtra
Patañjali, dans son ouvrage sur le Rāja Yoga, les Yogasūtra (196 sūtra) décrit les principes et les techniques de réintégration psycho-physiques, c’est un manuel expliquant clairement comment pratiquer, comment aller du point alpha au point oméga. C’est une sorte de cartographie, de « GPS » sur la route du Samādhi.
Patañjali, sur les 196 aphorismes n’utilise que trois fois le mot «āsana »… il ne parle pas de « posture » du chien, du chat, ni du cochon ou du corbeau sur son arbre perché…, il parle de droiture, d’être bien dans son assiette, dans son équilibre physique et mental, il parle donc de la recherche du juste équilibre et attitude mentale intérieure dans les nombreuses possibilités du champ de la conscience.
Les Yogasūtra sont composés de quatre chapitres
- Samādhi-Pāda (समाधि)
- Sādhana pāda साधन
- Vibhūti pāda विभूतिपाद
- Kaivalya pāda कैवल्य
Dans le premier chapitre, du Samādhi-Pāda (समाधि), Patañjali décrit le Yoga et les moyens pour atteindre ce but, il ne s’agit pas d’être bien avec soi-même, mais d’ÊTRE. Cette quête de l’Unité, qui passe par l’Unité avec son Soi, puis avec l’Absolu, avec l’Univers…
Dans le deuxième chapitre, la Sādhana pāda, Patañjali décrit la pratique spirituelle, les purifications du corps et du mental par la pratique du kriyā yoga, c’est à dire la purification par l’auto-analyse et le développement de la prise de conscience de soi ; et l’aṣṭāṅgayoga, les huit parties du Yoga.
YS 2.29 (Sādhana pāda, chapitre de la pratique spirituelle), dans ce sūtra, Patañjali décrit le cheminement pour atteindre le samādhi :
Yama-niyam-āsana-prāṇāyāma-pratyāhāra-dhāraṇā-dhyāna-samādhayo’aṣṭāvaṅgāni
La pratique des postures ou āsana(s) constitue la 3ème, des huit étapes du yoga. Les postures mettent fin à l’agitation corporelle et rassemblent les énergies éparses. Elles ont pour but de remédier aux faiblesses de l’organisme et d’améliorer le système métabolique donc la santé globale. L’éveil de la conscience, amène à l’éveil de l’intelligence sensorielle, émotionnelle et à la lumière de l’âme.
Après avoir parlé des yama et niyama (YS 2.30 à 2.45), Patañjali aborde la posture et le prāṇāyāma. Ce sūtra ne contient que 3 mots mais il nous révèle pourtant l’essence des postures de yoga.
YS 2.46 (Sādhana pāda, chapitre de la pratique spirituelle)
Sthira sukham āsanam
Que l’on peut traduire par : La posture (āsana) doit être stable et immobile, ainsi que confortable.
Om Shanti,
JC Garnier