Dans toute l’Inde, peu après le lever du jour, chaque matin, les femmes décorent le seuil de leurs maisons, par des dessins simples ou complexes, tracés avec de la poudre de riz, blanche ou colorée, suivant un rituel bien établi.
Le soir, au crépuscule ces représentations sont effacées. Ainsi chaque matin à l’aube, un dessin nouveau est créé. Traditionnellement, les femmes sont responsables de l’entretien et de la décoration du foyer, mais elles sont aussi garantes de la représentation des signes auspicieux, représentation sacrée du lien entre le microcosme et le macrocosme.
Véritable mandala(s) de l’éphémère, ces images créés le matin à seule fin d’être détruites le soir, sont un rappel de l’immanence de toute chose : que toute chose a une fin et finalement retourne à la terre ! Les noms attribués à ces décorations, varient selon les régions. En Inde de l’Ouest, par exemple, on les appelle Rangoli (du sanskrit Ranga, signifiant colorier, teinter), dans le Sud, on les nomme Kolam et dans l’Est Alpana (de Alpa : petit, insignifiant).
Défiant l’art classique Hindouiste et Mogol, les rangolis nous ravissent avec leurs motifs simples ou complexes, bourrés de fantaisie. La spontanéité de la création, laisse jaillir formes et couleurs dont l’harmonie nous enchante. C’est une invitation permanente pour le passant d’un instant, au plaisir de recevoir ce geste gratuit, cet art spontané pour partager un élan lumineux du cœur…
Il y a aussi des « rangolis » dans les lieux sacrés et les temples hindouistes symboles géométrique au pouvoir de protection et support à l’introspection méditative. Dans certain texte du « yoga » et « tantrique », on parle de représentation de la Vérité au point central d’énergie , le « Bindu ».